Pour des raisons qu'il me reste encore à élucider, la fierté est un mot qui fait très peu partie de mon vocabulaire. Si je peux l'utiliser pour les autres, c'est un sentiment qui m'est très peu accessible. L'objectif ici n'est pas de faire ma psychothérapie en directe, eh.eh. je paye déjà quelqu'un pour ça, mais de partager avec vous en quoi être fièr.e de soi est bénéfique et quelques idées pour le devenir.
POURQUOI C'EST IMPORTANT D'ETRE FIER.E DE SOI?
Soyons clairs, la fierté a mauvaise presse. Elle est très vite assimilée à de l'arrogance, de la vanité, de l'orgueil, à un sentiment de supériorité et de contentement de soi.
Et je dois dire que depuis que je vis à l'étranger, j'ai aussi pris conscience qu'il s'agit d'une perception très française ( et non je ne fais pas de French bashing). Les enfants dans les écoles anglo-saxonnes font très tôt l'apprentissage de parler d'eux-même, de se présenter, de parler de leur forces, de leur talents, de leur progrès. Mes enfants de 8 ans doivent chaque mois se fixer un objectif ( savoir la table de 7, améliorer le tracé de leurs majuscules, moins parler avec leur copains, ou encore prendre davantage la parole en classe, rien qui soit hors d'atteinte), ils décident eux même de leur challenge, l'écrivent sur un post-it et s'auto-évaluent en fin de mois, et tout cela croyez moi dans un état d'esprit de pure bienveillance et surtout de "Growth mindset". A chaque fois qu'ils réussissent, ils construisent une fierté saine, ils mesurent le chemin parcouru.
C'est en cela, notamment que la fierté est utile, elle permet de mesurer nos efforts, elle permet de reconnaitre, d'admettre là où nous étions hier et là où nous sommes aujourd'hui.
1. Elle valide un processus, plus qu'un résultat. Nous pouvons être fièr.e du travail accompli sans pour autant en être satisfait.e. Oui, il reste des efforts à faire, mais peut-on juste faire une pause et apprécier la vue?
2. Dans la mesure où il s'agit d'un processus, être fière de soi est éminemment personnel. Personne ne part du même endroit, personne ne prend la même ligne de départ, personne ne rencontre les mêmes obstacles. Donc il n'y a pas de comparaison à faire. Le soulagement d'arrêter de se comparer aux autres! La fierté des uns n'empêche pas la fierté des autres. Il y a de la place pour tout le monde. Ce qui est apprécié ici c'est l'énergie, les efforts consentis.
3. La fierté permet de célébrer. J'ai eu mon permis de conduire à 41 ans en France le 2 août 2016 (oui! je me mets à nue dans cet article) et j'ai déménagé en Ecosse le lendemain. J'ai donc dû réapprendre à conduire... à gauche! Je n'ai absolument pas célébré cet évènement que j'attendais (et que mes proches redoutaient 😉) depuis 23 ans. Je n'ai pas capitalisé sur cette réussite, je ne me suis jamais dit que c'était un bel accomplissement. Non, j'ai considéré que c'était normal. Nous sommes bien d'accord que ça ne méritait pas un étoilé Michelin, mais sans doute un petit verre de vin blanc!
4. Etre fier.e de soi c'est aussi accumuler du combustible pour les moments difficiles. C'est primordial d'ancrer en soi ces moments où on se pause et où, en pleine conscience, seul.e ou avec nos proches, nous pouvons réaliser que nous y sommes pour quelque chose dans ce beau parcours, que sans nous le résultat serait différent. Car viendra sans doute le moment, où il faudra remettre une pièce dans la machine, où il faudra encore apprendre, surmonter, faire preuve de courage. Alors pour que la vie ne ressemble pas à une course de fond sans stand de ravitaillement, accordons nous le droit d'être fier.e de nous et de célébrer même les plus petits accomplissements. Vous y voyez de l'arrogance quelque part, vous?
OK C'EST BIEN BEAU MAIS COMMENT JE FAIS MOI?
C'est ici que je précise que je suis coach, et en tant que tel, je ne suis pas experte de votre vie. Le coaching c'est l'opposé des solutions universelles, et je dois vous avouer que je suis passablement lassée de toutes ces listes de conseils pour une réussite qui du coup elle aussi se décline de manière universelle. En coaching, nous questionnons, nous explorons avec vous votre manière de voire le monde, et nous analysons ce qui vous est utile et ce qui au contraire vous retient en arrière.
Un professeur de mon école de coaching nous a dit un jour cette belle phrase: "being a coach is to be a stranger in a strange land, where the coachee is the only native".
Etre coach c'est être un étranger, sur une terre étrangère, où le coaché est le seul natif"
Donc ce que je vous propose ce sont des axes de réflexions et des outils à tester.
1. Questionner votre rapport à la fierté. Est-ce un sentiment interdit dans votre environnement familiale/professionnel/personnel ? En grandissant, avez-vous entendu ceux qui comptaient pour vous dire qu'ils étaient fiers de vous? Qu'est-ce que cela vous coûterait de devenir fier.e de vous? Avec quoi cela entre en conflit?
Par exemple, j'avais la croyance que si je devenais fière de moi, je n'aurai alors plus d'énergie, en l'occurence pour monter ma société. Je confondais fierté, et manque d'exigence. Et comme l'exigence est une valeur majeure pour moi, le sentiment de fierté ne m'était pas autorisé. Il faudrait donc questionner vos croyances (des préjugés, des liens causaux, des pré-supposés, basés sur vos expériences passées et que vous tenez pour vrais) et vos valeurs (universelles, sans lien avec vos expérience et votre passé, qui vont au-delà du contexte et révèlent ce qui est fondamental pour vous en tant qu'être humain).
2. En parlant de valeurs, pour y voir plus clair et les identifier, vous pouvez passer le test gratuit sur le site de Richard Barrett qui depuis plus de 20 ans travaille sur les valeurs et leur importance https://www.valuescentre.com/tools-assessments/pva/
Ca reste un test gratuit qui n'a donc pas l'ampleur et la profondeur de la version payante, mais c'est une bonne première approche pour ce sujet au combien important des valeurs.
3. Pour prendre conscience du chemin parcouru, vous pouvez faire l'exercice suivant:
Reprenez chronologiquement votre vie ( je vous laisse juge du moment où vous démarrez!) et écrivez toutes vos réalisations, vos petits et grands succès, professionnels et personnels, vos réussites, et ajoutez tous les obstacles internes et externes que vous avez surmonté, tous les petits cailloux que vous aviez dans vos poches dans cette course de fond. Pas si mal hein? Ce n'était pas inutile de se remémorer tous ces moments!
4. Trouver un "accountable buddy". Kesako? Le terme "accountable" est presque intraduisible en français, mais l'idée est d'être le garde-fou de quelqu'un, d'être là pour lui, pour l'accompagner dans un objectif qu'il s'est fixé. Dans notre affaire, l'idée serait de vous trouver quelqu'un , dans votre entourage, qui vous rappelle de célébrer vos petites et grandes victoires, d'en faire un évènement! Si en plus il/elle peut être un peu festif.ve et disponible pour aller boire un verre, c'est encore mieux!
5. Enfin, je ne sais pas si vous y serez aussi sensible que moi, mais il me semble que nous laissons peu de place au libre-arbitre dans nos vies. Et je ne parle pas ici du fameux "quand on veut, on peut"que je supporte mal. Non je parle ici du pouvoir de la décision. Nous passons notre vie à décider. De manière consciente et inconsciente, nous choisissons d'interpréter les évènements d'une certaine manière, d'adopter certains comportements, de croire en certaines choses, aussi rien ne nous empêche d'en décider autrement.
Il n'y a rien de facile, cela demande des efforts et un travail de fond, mais je crois sincèrement que nous pouvons décider d'être fier.e de nous, comme nous pouvons décider d'être bienveillant avec nous même. Nous ne le serons pas H24, et c'est tant mieux car nous sommes des êtres faillibles.
Je vous laisse avec cette phrase que j'adore et qui devient peu à peu mon mantra :
"There is a crack in everything, that's how the light get in" (Il y a une faille en toute chose, c'est ainsi que la lumière entre).
Mon ode à l'imperfection.
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